ENBVE
Et nous brûlerons une à une les villes endormies…

Distribution

texte, images et mise en scène Sylvain George
création lumière Laurent Schneegans
free noise, blues, samples Olivier “Diabolo” Paltsou
avec Valérie Dréville

Production
Noir Production, avec le soutien du CentQuatre, de la DRAC Île-de-France, du Festival d’Avignon, de la Fondation Abbé Pierre et du Théâtre Malakoff 71
Remerciements à George Banu, Malika Chafi, Valérie Dréville, Cecile Renault


Festival d’Avignon 2011

Brochure | à lire en pdfRevue de presse | à lire en pdf


Présentation: « Et nous brûlerons une à une les villes endormies… » est une forme expérimentale qui se situe à la croisée des chemins et des mediums, entre lecture, témoignage et projections d’images cinématographiques.

Réagissant à l’actualité la plus immédiate, travaillant sur « l’extrême contemporain » comme sur les images et événements les plus lointains qui peuvent lui répondre, « Et nous brûlerons une à une les villes endormies » se propose d’aborder de façon expérimentale, la problématique des lieux d’enfermement, de mise à l’écart des personnes dites migrantes, de montrer comment ces zones, espaces physiques de relégation sont aussi un processus informel et expérimental de contrôle et d’assignation des corps.

Cette forme “‘expanded cinema”, prend appui sur le journal de tournage/carnet de bord du cinéaste d’avant-garde Sylvain George, et qui recouvre des textes écrits au fur et à mesure des tournages et des films réalisés depuis environ 5 ans sur lesdites politiques migratoires et sur les mouvements sociaux, en France, en Europe et en Afrique essentiellement.

« …Le cinéaste Sylvain George a osé plonger dans ce qui fut un enfer moderne, l’enfer de Calais, et là-bas, il a rencontré, il s’est immergé, directement, sans médiateur, dans « la douleur du monde ». Il l’a auscultée, habité d’une irrépressible révolte. Ses mots, comme ses images nous projettent, aujourd’hui, devant un noir pur, le noir de l’au-delà de la nuit (…) Aujourd’hui, après que Sylvain George a eu comme partenaire le grand Archie Shepp, c’est Valérie Dréville qui, avec le courage qui lui est propre, s’associe à cette aventure. Actrice de tous les possibles, elle se lance dans le « noir pur » de Sylvain George pour faire entendre les échos et retrouver les traces de l’enfer de Calais. » (Georges Banu)


Représentations: Festival d’Avignon 2011, Lieu Unique Nantes 2011, Espace 1789 2012


Programme Avignon 2011
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Conference de presse Avignon 2011
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Trailer Avignon 2011
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Extraits Avignon 2011
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Visuels
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Projet

Valérie DREVILLE / Sylvain GEORGE

Projet | à lire en pdf



« La tradition des opprimés nous enseigne que l’ « état d’exception » dans lequel nous vivons est la règle. Nous devons parvenir à une conception de l’histoire qui rende compte de cette situation. Nous découvrirons alors que notre tâche consiste à instaurer le véritable état d’exception ; et nous consoliderons ainsi notre position dans la lutte contre le fascisme (…). S’effarer que les événements que nous vivons soient « encore » possibles au XXe siècle, c’est marquer un étonnement qui n’a rien de philosophique. Un tel étonnement ne mène à aucune connaissance, si ce n’est à comprendre que la conception de l’histoire d’où il découle n’est pas tenable. »



« Il existe un tableau de Klee qui s’intitule « Angelus Novus ». Il représente un ange qui semble sur le point de s’éloigner de quelque chose qu’il fixe du regard. Ses yeux sont écarquillés, sa bouche ouverte, ses ailes déployées. C’est à cela que doit ressembler l’Ange de l’Histoire. Son visage est tourné vers le passé. Là où nous apparaît une chaîne d’événements, il ne voit, lui, qu’une seule et unique catastrophe, qui sans cesse amoncelle ruines sur ruines et les précipite à ses pieds. Il voudrait bien s’attarder, réveiller les morts et rassembler ce qui a été démembré. Mais du paradis souffle une tempête qui s’est prise dans ses ailes, si violemment que l’ange ne peut plus les refermer. Cette tempête le pousse irrésistiblement vers l’avenir auquel il tourne le dos, tandis que le monceau de ruines devant lui s’élève jusqu’au ciel. Cette tempête est ce que nous appelons le progrès. »


Photos

Avignon Emile Zeizig



Noir pur

Par Georges Banu



Sylvain George incarne tout d’abord une conduite. Son intransigeance est exemplaire et, depuis ses débuts, il ne s’en est jamais éloigné. Intransigeance qui est la sienne, à l’égard du monde aussi bien que de l’art, affirmée au prix de combats menés avec acharnement, sans reddition aucune. En prise avec le présent le plus immédiat, il s’est impliqué dans un de ses nœuds les plus douloureux – celui du destin des Sans papiers. Etres partis de là-bas sans être arrivés quelque part…êtres du bord ! Sylvain George a osé plonger dans ce qui fut un enfer moderne, l’enfer de Calais, et là-bas il a rencontré, il s’est immergé, directement, sans médiateur, dans « la douleur du monde ». Il l’a auscultée habitée d’une irrépressible révolte. Je n’y suis pas allé, mais le témoin révolté qu’il fut me l’a raconté. Ses mots comme ses images nous projettent, aujourd’hui, devant un noir pur ! Noir de l’au-delà de la nuit !  Il en a fait l’expérience et s’il y revient c’est pour dire le scandale autant que réactiver la tragédie. Regardons ces figures qui se détachent à peine dans l’obscurité, écoutons ces paroles et, avec effroi, confrontons-nous à « la noirceur » qui s’en dégage. Sylvain George est le veilleur d’une nuit dont il a éprouvé l’insupportable excès et il en est ressorti pour dire toute la détresse. Et ainsi, comme à des Macbeth modernes, il nous fait perdre le sommeil. Combien de fois l’histoire dont nous avons été les acteurs/spectateurs nous l’a interdit ! 

Aujourd’hui, après que Sylvain George a eu comme partenaire le grand Archie Sheep, c’est Valérie Dréville qui, avec le courage qui lui est propre, s’associe à cette aventure. Actrice de tous les possibles, elle nous rappellera ici, à Avignon, la déchirure de ses errances dans Pièces de guerre de Bond, dans la mise en scène d’Alain Françon, ou la détresse qui désarticula les mots de la Médée de Müller – Vassiliev. Aventures de l’extrême auxquelles dont sa présence reste indissociable ! Valérie Dréville, elle aussi, incarne une conduite grâce à des choix qui ont affirmé une exigence artistique et une éthique respectée tout au long de son parcours. La rencontre avec Sylvain George le confirme.

Le « noir pur » de Sylvain George et Valérie Dréville surgit au cœur de la nuit avignonnaise. Sous le ciel de la Provence nous entendrons les échos et nous retrouverons les traces de l’enfer de Calais. La vingt – cinquième heure ne sera jamais une heure de repos.

                                                                                                      Georges Banu